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Gagner la bataille de la démocratie et du développement - Redonner espoir à la jeunesse

Extrait de l’intervention de Claude LISE au meeting de la Gauche Responsable

Dimanche, 26 octobre, 2014 - 10:00

Mesdames, Messieurs, Chers Camarades,
Il paraît que certains commentateurs politiques se faisaient du souci pour nous ! Sur notre capacité à nous mobiliser.

Il paraît même qu’il y en a qui doutaient de notre existence, de l’existence de ce j’aime appeler –parce que ça dit bien ce que nous sommes- « la Gauche Responsable » ou « la Gauche de la Responsabilité ».

Eh bien, je crois que nous leur administrons aujourd’hui la preuve éclatante que ce Rassemblement, qui s’est constitué depuis plus de cinq ans, est une réalité et une réalité durable.

Autrement dit : ki yo lé ki yo pa lé nou la et nou la pou diré !

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Oui, Camarades, notre union, il faut que nous en soyons absolument convaincus nous-mêmes, elle a réellement vocation à être durable, même si nous savons qu’aucune union n’est jamais un long fleuve tranquille.

D’ailleurs, comme aime à le souligner le camarade Edmond MONDESIR, notre union a acquis d’ores et déjà un caractère historique ! Ne serait-ce qu’à cause du temps qui s’est écoulé, sans qu’elle cède aux tentations centrifuges et aux entreprises de déstabilisation aussi bien externes qu’internes ; les internes étant bien sûr les plus pernicieuses, celles qui réclament de nous le plus de vigilance.

En tout cas, dans l’histoire de la Martinique, jamais aucune tentative de rassemblement comme le nôtre n’a tenu aussi longtemps

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Nous sommes donc en train de marquer la période historique que nous traversons, à cause de la capacité dont nous avons su faire preuve de durer.Mais nous allons peut-être, plus encore, marquer cette période historique si nous parvenons à accomplir la mission qui nous est dévolue et qui n’est autre que le sauvetage d’un pays en péril.

Car notre Martinique est en grand péril ! Qui ne s’en rend compte ?

Elle l’est sur le plan économique et social, tous les indicateurs le prouvent et le plus terrible, le plus effrayant, c’est bien sûr celui du chômage.

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Alors, je ne dis pas qu’ils n’ont créé aucun emploi, mais comment peuvent-ils refuser de reconnaître que le solde est, pour le moins, impressionnant ! Alors que dans les cinq ans la population active- et d’ailleurs la population tout court- n’a pas pu augmenter au point de faire coexister les milliers d’emplois qu’ils prétendent avoir créés et une telle augmentation du nombre de chômeurs.

Je ne dis pas non plus que cette augmentation du nombre de chômeurs leur est entièrement imputable. Car je refuse de quitter le terrain de l’objectivité, même si eux ne se préoccupent nullement d’objectivité lorsqu’au mépris de ce que montrent les rapports de Chambre Régionale des Comptes, ils répètent, comme alibi à leur bilan calamiteux, qu’Alfred MARIE-JEANNE et moi, nous leur avons laissé des collectivités en faillite.

Non, je ne ferai pas comme eux. Mais je peux affirmer, car c’est l’évidence même, que leur échec est patent. Et ce que l’on est en droit de trouver plus grave, c’est leur refus de reconnaître un tant soit peu cet échec et ce sont leurs tentatives pathétiques de travestir la réalité à l’aide de statistiques fantaisistes.

Par comparaison, on serait tenté de féliciter le Ministre du travail du gouvernement français, M. REBSAMEN, qui a déclaré hier : « soyons honnêtes, nous sommes en échec ».

Mais, Camarades, les martiniquais n’ont pas besoin de graphiques et de statistiques. Ils constatent suffisamment dans leur vie quotidienne que la Martinique n’avance pas mais qu’elle recule, et de plus en plus ! Et l’on comprend qu’ils ne supportent plus de voir fleurir partout des panneaux régionaux qui disent le contraire, et cela qui plus est, à leurs frais !

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La situation économique est donc plus qu’alarmante sauf, apparemment, pour ceux qui ont en mains pratiquement tous les leviers du pouvoir local et, qui plus est, ont un leader qui est considéré comme l’interlocuteur privilégié du gouvernement actuel, comme il l’était d’ailleurs du précédent.

Or, loin d’utiliser ce statut pour aiguillonner le pouvoir central et pour le sommer de tenir les engagements qu’avait pris le Président de la République, en ce qui concerne notamment l’élaboration, avec les forces vives de chaque région d’outre-mer, d’un grand plan de développement adapté aux réalités de chacune de ces régions, loin donc d’utiliser ce statut privilégié pour défendre les intérêts propres de la Martinique, il préfère adopter vis-à-vis de la politique gouvernementale une attitude de suivisme ; une attitude qui a atteint les limites de l’indécence avec l’appel à soutenir le grand tournant libéral du gouvernement VALLS. Aimé CESAIRE a dû se retourner dans sa tombe !

Les choses ne peuvent donc que continuer à se dégrader, sur le plan social et sur le plan de la cohésion sociale.

Mais s’ajoute à tout cela, de surcroît, une dégradation toute aussi préoccupante de la situation politique locale.

Ce qui caractérise essentiellement celle-ci, c’est la façon dont les responsables politiques locaux-ceux qui sont aux postes de commande- conçoivent l’exercice du pouvoir.

L’image qu’ils donnent, c’est celui d’un véritable clan, gérant les affaires publiques comme si celles-ci leur appartenaient, au point de considérer que l’octroi d’une subvention peut être conditionné par une véritable vassalisation du bénéficiaire. Cela se voit beaucoup ces temps-ci à l’occasion de visites effectuées par l’aéropage régional dans les communes jugées électoralement dignes d’intérêt.

Un clan se comportant comme s’il avait tous les droits et comme s’il détenait, à lui-seul, la vérité sur tout, sans aucune considération pour ceux qui ne partagent ses idées.

Un clan qui, à l’aide d’une politique de communication- je devrais dire de propagande- d’une intensité jamais égalée, tente d’imposer une sorte de pensée unique en exploitant en permanence et de façon extrêmement abusive et choquante la mémoire d’Aimé CESAIRE.

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C’est dire l’importance de l’enjeu et, fort heureusement, nos concitoyens en ont de plus en plus conscience.

Ils veulent manifestement que les choses changent et pour cela ils ne veulent pas seulement changer les têtes de ceux qui sont là. Ils veulent un changement de politique. Ils veulent également un changement dans les pratiques politiques. Et ils veulent surtout qu’on leur présente un projet de développement crédible.

Et pour obtenir cela, Camarades, n’en doutez pas, c’est vers nous, c’est vers « la Gauche Responsable » qu’ils se tournent. Et ils attendent que le rassemblement de la Gauche Responsable assume la mission qui lui revient naturellement du fait de ce qu’elle est : un rassemblement d’organisations politiques ayant certes chacune son identité, appartenant, pour les unes, au courant indépendantiste et pour les autres au courant autonomiste, mais qui partagent des valeurs essentielles, celles qui constituent le fondement des principaux courants du socialisme ; qui partagent également une même exigence démocratique et un même engagement à respecter scrupuleusement les volontés du peuple martiniquais. Et c’est ce qui permet aux deux courants de cheminer ensemble, chacun pouvant garder à l’horizon son idéal institutionnel, mais tous convaincus de la nécessité d’œuvrer ensemble aujourd’hui pour sortir la Martinique de sa situation catastrophique, le problème institutionnel n’étant pas d’actualité. Un rassemblement, enfin, dont les différentes composantes partagent un même esprit d’ouverture à l’égard de tous les démocrates qui veulent œuvrer à leurs côtés dans l’intérêt supérieur de la Martinique.

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Face donc à un réel danger dont il prend bien la mesure, le peuple martiniquais ne nous demande pas seulement d’aller unis à la bataille, il nous somme d’aller unis à la bataille ! Et à cette sommation, chers Camarades, nous avons le devoir, l’impérieux devoir de répondre OUI ! Oui nous sommes déterminés à aller unis à la bataille ! Et c’est cela que nous sommes venus dire au peuple martiniquais ici aujourd’hui.

Alors, bien sûr, à partir de cet engagement, il nous reste à trouver le COMMENT aller unis à la bataille. En ce qui concerne le premier tour en particulier : sur deux listes ? Sur une liste ? Et dans ce cas, avec quelles modalités partenariales ?

J’ai fait et continuerai de faire des propositions sur ce que pourrait être une liste conduite de façon originale dans un esprit de partenariat véritable respectant les deux grandes sensibilités (autonomiste et indépendantiste) de notre rassemblement. Mais ce ne sont, pour l’heure que des propositions sur lesquelles je souhaite évidemment que la discussion soit ouverte très sereinement.

De toute façon les échanges, les discussions, se poursuivent entre partenaires.

En tous cas, je suis convaincu que le danger est tel et que l’attente du peuple est telle, que nous sommes condamnés à trouver la meilleure solution. En sachant que la meilleure solution :

Ce n’est pas celle qui relèvera de comportements où chacun regarde les seules intérêts de sa chapelle.

Ce n’est pas celle qui relèvera de comportements où chacun se laisse emporter par son égo.

Ce n’est pas celle qui relèvera de comportements où chacun se préoccupe de son « plan de carrière ». C’est un terme que j’ai entendu dans la bouche de certains élus et nous savons que certains, en, même temps que de la collectivité unique se préoccupent déjà des futures sénatoriales de 2017, des futures législatives, etc…..

La meilleure solution, c’est celle qui sera la réponse à cette question fondamentale que nous devons, chacun de nous, nous poser : quels sacrifices dois-je accepter dans l’intérêt supérieur de mon pays ? Autrement dit : quelles concessions suis-je prêt à faire, quels compromis suis-je prêt à passer ?

Tel est en tous cas mon état d’esprit. Tel est le point de vue que je défends à l’intérieur de mon parti et dans le cadre des échanges avec les partenaires de mon parti.

C’est dire que je me tiens très à distance des conciliabules « en ba fèy » qui se déroulent ici et là depuis quelques temps. Je doute fort, en effet, qu’elles aient toujours comme motivation première l’intérêt général de la Martinique !...

J’ai, bien sûr, pris connaissance comme tout le monde du point de vue de ceux qui souhaitent constituer une liste de jeunes (jeunes en âge ou jeunes en politique).

Je vais vous dire franchement ce que j’en pense. Je comprends parfaitement qu’il puisse y avoir un désir de renouvellement de la classe politique. Je comprends même certaines impatiences, même si j’appartiens à une génération qui trouvait normal de faire de longs apprentissages avant d’accéder à des postes de responsabilité. Mais les temps ont changé et il faut accepter une évolution des conceptions dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres !...

Je crois néanmoins qu’il faut bien prendre la mesure de ce à quoi vont être confrontés ceux qui auront à tenir les rênes de la future Collectivité Unique. Ils auront à maîtriser les compétences des deux collectivités territoriales actuelles, à gérer un personnel qui–à cause des recrutements inconsidérés de la Région-va dépasser les 4500 agents (aux statuts multiples), à gérer un budget de plus d’un milliard deux, à être confrontés à une situation financière à coup sûr déplorable. Et, le tout, dans une conjoncture de crise et d’austérité budgétaire. Je n’évoque même pas les conditions dans lesquelles est préparée la fusion : puisqu’au lieu du regroupement des deux collectivités actuelles, tel que l’ont voté les martiniquais, c’est une fusion-absorption- qui est en cours de préparation, la grenouille cherchant à se faire aussi grosse que le bœuf pour avaler le Département !

Il me semble donc que ce n’est pas le meilleur moment pour se passer d’élus expérimentés, surtout de ceux qui connaissent le mieux les deux collectivités qui vont fusionner et qui y ont fait, je crois, leurs preuves. Les martiniquais sont d’ailleurs d’une grande lucidité sur cette question. Quand on les interroge sur les profils des futurs responsables qui devront mettre en œuvre le projet de développement alternatif qu’ils attendent, ils privilégient, dans leur grande majorité en tout premier lieu la compétence et l’expérience. Viennent ensuite, et ce n’est pas inintéressant, la probité (et comme on les comprend !), puis l’ancrage et la sincérité dans les convictions. Cela signifie que pour les martiniquais la « zonzolitude » n’a pas d’avenir !...

Cela dit, je veux quand même faire remarquer que dans le « collège exécutif », à côté du président, il y a 8 vice-présidents. De même, à côté du président de l’assemblée, il y a 4 vice-présidents.

Il existe donc 12 postes de haute responsabilité dont les titulaires disposeront forcément de larges délégations ce qui leur imposera, selon moi, la nécessité d’être à temps plein dans leurs fonctions.

Il ne manquera donc pas de place pour des jeunes politiques désirant faire le minimum d’apprentissage qui les préparera à assurer les relèves qui vont s’opérer, croyez-moi, bien vite, tout naturellement.

Voilà, mes chers Camarades, ce que je peux vous dire aujourd’hui. J’en ai peut-être d’ailleurs trop dit, mais je crois que si l’on veut faire avancer la réflexion et faire participer le peuple à cette réflexion, il faut prendre le parti de dire clairement ce que l’on pense.

Ce que je peux ajouter, en terminant, c’est que chacun devra, en définitive, dans les temps qui viennent, prendre ses responsabilités au regard de l’histoire de notre pays.

Je ne manquerai pas, pour ma part, de prendre les miennes, comme je l’ai toujours fait, dans le désintéressement le plus total.

Je prendrai mes responsabilités en conscience, en toute liberté, hors toutes pressions, quand bien même viendraient-elles de mes propres camarades de parti. Je prendrai mes responsabilités avec pour seule ambition : servir ce peuple martiniquais à qui je dois tant et en l’occurrence, le faire avec la volonté de contribuer, d’une façon ou d’une autre au succès d’un projet politique qui soit à la hauteur d’enjeux dont on mesure bien l’ampleur.

Un projet ouvrant réellement de nouvelles perspectives, un projet qui puisse s’avérer capable de redonner à notre peuple confiance en lui-même et à sa jeunesse, comme dirait le poète, « la force de regarder demain ».