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Marie-France Toul : « Les Martiniquais ont besoin d'être apaisés »

Lundi, 1 février, 2016 - 11:00

Secrétaire générale adjointe du RDM, Marie-France Toul occupe depuis le 18 décembre la fonction de 2e vice-présidente de l'Assemblée de Martinique. Un peu plus d'un mois après son installation, elle revient sur la campagne et dresse les perspectives qui guident la majorité Gran Sanblé Pou Ba Péyi-a an chans.

Vous êtes vice-présidente de l'Assemblée de Martinique. Un costume lourd à porter ou est-ce un simple tablier ?

Pas un petit tablier, puisqu'il y a une responsabilité. C'est la première assemblée de Martinique et cela a son importance. En ce qui me concerne, je suis une militante qui est engagée en politique depuis près de 20 ans et j'occupe quelques fonctions électives, dont celle de conseillère municipale de Fort-de-France, depuis 2014. Je dois dire que j'ai commencé par le bas, en collant des affiches, à distribuer des tracts, j'ai appris à rédiger mes discours et à prendre la parole. Mes fonctions d'aujourd'hui sont l'aboutissement de ce long parcours.

Un parcours classique et nécessaire ?

Un parcours nécessaire. Il est dommage que nombre de jeunes ne veulent pas le faire, parce qu'il est formateur. Il y en a qui sont immédiatement opérationnels, mais il est nécessaire car très formateur. Et puis, c'est la clé pour comprendre le rôle de chacun dans un parti. Un parti c'est une équipe, qui se compose de militants de base et de dirigeants.

Vous avez parlé de l'importance de l'assemblée. Un peu plus d'un mois après son installation, comment sont répartis les rôles ? Avez-vous trouvé vos marques ?

Il faut savoir que la Collectivité Territoriale n'est réellement en place que depuis le 1er janvier. Juste un mois. Nous avons mis en place les commissions, désigné les représentants dans les organismes extérieurs. Nous avons besoin de nous organiser, de prendre nos marques. Les choses avancent sereinement dans le contexte qui est le nôtre, avec une situation financière délicate. Nous avons 4 100 agents à...

On annonçait pas plus de 4 000 agents. Pourquoi 4 100 aujourd'hui ?

On nous annonçait un peu plus de 3 900 agents, mais aujourd'hui nous avons bien 4 100 agents. Soit à près de 200 de plus.

Vous dites situation financière délicate. Une fois pour toutes : les salaires seront-ils bien versés aux agents de la CTM ?

Ils le seront quelles que soient les difficultés que nous rencontrons. Ils seront bien versés. C'est même une obligation de le faire.

Pour autant ce n'est pas à l'Assemblée de verser les salaires des agents : c'est une prérogative du conseil exécutif, non ?

Nous travaillons ensemble parce que nous constituons une équipe. Nous communiquons entre nous. Nous avons été élus sur un programme et nous avons l'obligation de le mettre en oeuvre. Le Conseil exécutif a la gestion et l'Assemblée le droit de vote et celui d'amender. C'est un dispositif dans lequel l'opposition pourra pleinement s'exprimer, ce qui changera de l'époque où nous l'étions.

Abordons maintenant le RDM. Est-ce qu'en amont des élections, faire alliance avec le MIM et ses partenaires était une idée totalement partagée par vos camarades du parti ?

Nous avons débattu car nous avions l'idée au départ de nous présenter sous nos couleurs. Claude Lise l'avait d'ailleurs annoncé. Mais nous avons aussi compris qu'il aurait été plus prudent, compte tenu de la situation, de faire alliance avec le MIM...

Vous n'aviez pas confiance en votre force ?

Nous voulions gagner pour offrir un changement à la Martinique. Nous ne voulions pas compter nos voix, mais gagner.

Pour gagner, toutes les audaces étaient donc possibles ?

Nous le voulions dans le partage des valeurs...

Vous parlez de l'alliance avec le MIM, oui ?

Même avec Ba Peyi-a an chans...

Quelles valeurs partagez-vous avec la droite ?

Nous avons un contrat de mandature avec eux...

Je vous parlais des valeurs partagées!

Nous partageons les valeurs de la démocratie.

Vous partagez la même conception de la démocratie ?

Elle n'est pas la même. Mais dans la situation où nous étions, où justement la démocratie était bafouée, il était important pour nous d'offrir une alternative à la Martinique. C'est la démocratie qui s'est exprimée le mois dernier...

Avez-vous accueilli l'idée de faire alliance avec la droite avec joie ?

Je répète que nous avions pour objectif de remettre la Martinique sur les rails du développement économique. Il le fallait parce que les gens nous le demandaient. La population voulait tourner la page. Après l'élection, nous avons reçu nombre de témoignages de soulagement. La parole a été libérée...

Nous étions sous un régime dictatorial ?

Les gens ont exprimé qu'ils en avaient assez du fonctionnement de l'ancienne majorité. Ils voulaient fortement que les choses changent. Ils se sont battus pour cela. Je vois comment les gens ont été contents après l'élection.

C'était donc tout sauf Letchimy ?

Non, car nous avons aussi des valeurs que nous partageons et que nous voulons partager...

Avec la droite ?

Il y a une disposition du contrat de mandature qui stipule que nous devons remettre la Martinique au travail. C'est une valeur partagée avec la droite.

Il y a aussi le gel du débat institutionnel. Alors que le RDM n'a cessé de prôner le changement ; comment ferez-vous pendant 6 ans ?

Il y a suffisamment de chantiers à mener. Et puis les Martiniquais ont besoin d'être apaisés. Ils veulent savoir si les TPE auront des chantiers, si les jeunes vont pouvoir travailler. C'est cela la priorité. La situation est tellement critique que l'intérêt de la Martinique n'est pas de se préoccuper de son statut.

De la fonction territoriale à la vice-présidence

Comment passer la barrière de fonctionnaire territoriale au mandat d'élue et à la fonction de vice-présidente est une étape que Marie-France Toul a franchie sans grande difficulté. « J'avais déjà un pied à l'étrier : secrétaire générale adjointe du RDM, conseillère municipale de Fort-de-France. Mes collègues et mon chef de service connaissaient mon engagement. J'avais même pris de l'avance sur l'élection, en avertissant mon responsable de service que je n'y serai pas à partir de 2016. J'avais foi en cette élection. »

Travailler en symbiose avec le Conseil exécutif

Dans cette phase d'installation, chacun recherche ses marques. « Nous allons travailler en symbiose! » avertit-elle. « Que ce soient les commissions, les vice-présidents et les conseillers exécutifs, nous travaillerons tous ensemble, dans la concertation. C'est même nécessaire, car chacun des conseillers exécutifs ne pourra pas porter toute la charge du secteur qui lui revient. Il a besoin des réflexions, et des études des commissions de l'Assemblée pour porter son projet. Les vice-présidents accompagnent les commissions, du moins est-ce ainsi que notre rôle a été compris et partagé. Tout cela participe du pouvoir d'initiative de l'assemblée. »

Le RDM sans les maires

« Nous sommes dans une année de congrès. Le dernier c'était justement celui où nous affirmions vouloir présenter une liste à l'élection de la CTM » , remarquait-elle. Un changement de cap validé par le conseil politique, une instance qui s'est depuis vidée des maires autrefois RDM. « Ils sont partis d'eux-mêmes » , constate-t-elle. Un constat, pas un regret. « Nous n'attendons rien d'eux et nous n'attendrons rien. Ils sont partis! »

« L'Etat doit assumer ses responsabilités! »

« On ne peut pas ne pas renégocier avec la France. Nous avons des propositions à lui faire pour que nous puissions relancer l'économie. Nous avons besoin de valoriser plus notre patrimoine, notre culture. Il faut revoir les dotations. Je pense au RSA que l'État nous doit depuis des années. Il devra assumer ses responsabilités. »